Les Pyrénées-Atlantiques : CPTS
de la Soule, contrat signé
Comment s’est initié le projet de CPTS sur votre territoire ?
« Cet engagement n’est pas inné pour des médecins car cette profession a toujours été formée pour le soin, la thérapeutique et l’accompagnement individuel du patient ; il y a un lien très fort qui nous uni avec le patient. Notre difficulté est de dépasser ce modèle de fonctionnement pour aller sur une activité plus collaborative intégrant la notion de responsabilité populationnelle.
C’est un long cheminement qui nous a amené vers la CPTS. Nous étions en train de construire une Maison de Santé Pluriprofessionnelle avec quelques professionnels de santé. Il existe également un lien très fort des professionnels de ville avec les différents établissements du secteur car ceux-ci y exercent une activité. Par ailleurs, il nous fallait trouver une organisation attractive pour les jeunes médecins. »
Quels sont les professionnels et partenaires qui vous ont entouré pour
construire la CPTS ?
« Nous avons obtenu un engagement
de la majorité des professionnels de santé libéraux du territoire de la Soule.
Les établissements de santé se sont aussi très vite engagés à nos côtés du fait
que nous y étions intégrés. Les Soins à Domicile de Soule se sont intégrés comme
structure médicosociale. Les partenaires de notre projet : l’ARS, l’URPS ML
Nouvelle-Aquitaine, les communes du bassin de vie, la Communauté
d’Agglomération du Pays Basque et le Conseil Départemental. »
Avez-vous rencontré des freins ?
« Les freins principaux étaient
d’ordre technique. Il a fallu trouver une gouvernance adaptée. L’autre
difficulté est la construction du projet de santé de la CPTS et n’étant pas des
spécialistes de l’écriture de projet, nous avons eu besoin d’aides et
heureusement que l’URPS ML a pu nous aider. »
Selon vous qu’est-ce que la CPTS peut apporter pour les professionnels de
santé et les patients ?
« La CPTS apporte une
organisation sur un territoire adapté aux professionnels de santé dans leur
exercice quotidien. Elle fait le lien aussi entre les différentes organisations
et permet de résoudre les problèmes de fonctionnement sur un territoire.
Pour exemple, en ce moment, nous
avons un gros problème de démographie médicale avec des actions à mettre en
place d’urgence. Le fait que la CPTS existe permet de rassembler les acteurs du
territoire afin de trouver des solutions rapidement en lien avec les
partenaires institutionnels tels que l’ARS, le Département, la CAPB et l’URPS.
»
Dr Christian de Gaye,
Président Xiberoko Osagarri Batarzuna
/ CPTS de la Soule
En Haute Vienne : on y va, on n’y
va pas...
Quels sont les freins identifiés et les réticences perçues sur votre
territoire ?
« On nous demande
beaucoup d’implication pour des retours minimes. Quel est l’intérêt pour un
médecin de s’investir dans une CPTS ? Quelle serait notre motivation pour
fonctionner comme ça ? On nous demande de formaliser une organisation déjà en
place. Nous n’avons rien à y gagner d’un point de vue organisationnel comme
d’un point de vue financier.. Il y a déjà plein de projets, plein de choses qui
existent déjà, qui sont en place... Nous ne voulons pas de réunionites et
perdre notre temps pour rien. Et puis nous trouvons choquant que les missions
socles reposent sur la seule responsabilité des médecins et que les autres professionnels
de santé ne soient pas autant impliqués. Il n’y a pas de contraintes pour les
autres professionnels, par contre le financement est pour tout le monde et tout
le monde va bénéficier des subventions …. Mais les seuls responsables de ces missions
socles c’est nous !!
Autre point aberrant
: les fameux indicateurs qui rendent compte de l’avancée des missions ! Ces
indicateurs devraient être construits par les professionnels de santé pour
rendre compte de la réalité territoriale et non par les administratifs. Les
indicateurs sont fléchés mais la réalité est différente selon que l’on se
trouve en zone rurale ou en zone urbaine par exemple…
Et enfin, les risques
concernant la mise en place d’un réseau de soin. La loi Le Roux voulait déjà
l’imposer en 2012. Avec les CPTS, le risque c’est que le réseau soit constitué
par nous-même et se retourne contre nous. En effet, les patients sans médecin
traitant seront orientés vers les médecins CPTS. Quid des non-affiliés ? Et ils
seront nombreux. Par la même, la liberté du choix du patient sera impactée »
Et malgré tout, qu’est-ce qu’une CPTS peut apporter aux professionnels de
santé et aux patients ?
« Nous sommes
d’accord sur l’intérêt de certaines missions : l’organisation de la prise en
charge des soins non programmés fait l’unanimité. Autre point positif :
l’amélioration de la coordination pluriprofessionnelle pour qu’on échange entre
nous et qu’on améliore la prise en charge et le suivi du patient. Etablir des
protocoles sur la prise en charge des patients, c’est très bien. Ce n’est pas ce
qui nous freine. Au contraire. C’est le formalisme qui rebute. La
protocolisation du soin qui ne prend pas en compte l’humain et le patient. On
ne peut pas coller un protocole uniformisé pour tout le monde et partout. »
Dr Mickaël Frugier