Dans un contexte de recomposition des pratiques médicales, les spécialités connaissent des dynamiques contrastées en France et en Nouvelle-Aquitaine. Cette synthèse éclaire les enjeux actuels et propose une perspective d’organisation autour des Équipes de Soins Spécialisés (ESS).
En France en 2025, les spécialistes représentent près de 6 médecins sur 10 (59,2 %), avec une croissance marquée depuis 2010. Cette évolution est portée par les spécialistes médicaux (+12,8 %) et chirurgicaux (+12,4 %), tandis que les généralistes ont reculé de 13% sur la même période. Par ailleurs, on observe une concentration des spécialistes dans les grandes agglomérations, les littoraux et les zones frontalières. Une “diagonale du vide” allant du nord-est au sud-ouest se dessine, avec une sous-densité persistante dans le centre de la France.
Enfin, le salariat hospitalier est dominant pour certaines disciplines comme l’anesthésie-réanimation (60,8 %), la pédiatrie (61,4 %) ou l’hématologie (69,3 %). À l’inverse, la dermatologie, l’ophtalmologie ou la chirurgie plastique comptent une majorité de libéraux.

Spécificités de la Nouvelle-Aquitaine
- La région représente 9,2 % de l’effectif national avec 18 460 médecins en activité régulière, mais cache de grandes disparités internes.
- Des départements contrastés :
- La Gironde concentre plus d’un tiers des spécialistes de la région (34,8 %) ;
- Les départements ruraux comme la Creuse ou la Corrèze rencontrent une forte érosion du nombre de spécialistes.
- Densités en spécialistes médicaux :
- Les Pyrénées-Atlantiques enregistrent une forte progression des densités de spécialistes médicaux (+19,3 % depuis 2010), ce qui en fait un territoire dynamique.
- À l’inverse, la Creuse a connu une baisse de plus de 30 % du nombre de médecins sur cette période, toutes spécialités confondues.
Points de vigilance pour les médecins spécialistes libéraux en Nouvelle-Aquitaine
- La part des médecins spécialistes de plus de 60 ans est importante dans de nombreuses spécialités et certains territoires. Cela annonce des départs massifs dans les années à venir, avec un enjeu fort de renouvellement générationnel.
- Plusieurs spécialités sont quasi absentes dans les zones rurales. Cela crée une double tension : surcharge dans les bassins urbains, désertification dans les zones périphériques.
- Concurrence et recomposition des pratiques :
- Le développement du salariat hospitalier dans certaines spécialités peut réduire l’attractivité de l’exercice libéral.
- La montée des centres de santé privés ou mutualistes, notamment dans les zones urbaines, modifie la structuration de l’offre.
Face à ces constats, les équipes de soins spécialisés (ESS) représentent une opportunité concrète pour les médecins spécialistes libéraux
- Réponse coordonnée aux besoins de soins spécialisés sur un territoire.
- Renforcement de l’attractivité de l’exercice libéral via des dynamiques collectives.
- Meilleure lisibilité pour les patients et les autres professionnels de santé.
- Partage d’outils (PLATEFORMES, logiciels, protocoles), garde mutualisée, consultations avancées.
- Facilitateur pour les jeunes installés et les médecins en recherche de complémentarité avec d’autres spécialités.