58 répondants à l’enquête « Comment allez-vous Docteur ? » réalisée entre le 12 décembre 2024 et le 12 février 2025

L’enquête « Comment allez-vous, docteur ? » a recueilli 58 réponses de médecins exerçant dans les différents départements de la Nouvelle-Aquitaine. La Gironde est le département le plus représenté, avec 22 répondants, soit 38 % de l’échantillon, soit légèrement surreprésentée par rapport à la démographie médicale régionale, la Gironde concentrant à elle seule environ 35 % des médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine (source : Atlas de la démographie médicale en France / situation au 1er Janvier 2024).

Il est probable que les professionnels ayant pris le temps de répondre soient ceux qui vont relativement bien ou qui se sentent en capacité de partager leur expérience. Ce phénomène, fréquent dans les enquêtes en santé mentale ou bien-être, apporte un biais en excluant les médecins les plus en difficulté ou en souffrance, qui sont souvent les moins disponibles et enclins à répondre.

Ainsi, les données doivent être interprétées avec prudence, en tenant compte à la fois du faible effectif des répondants et du biais d’auto-sélection.

Les répondants ont en moyenne 48 ans

Les répondants affichent une moyenne d’âge de 48,4 ans, ce qui est inférieur à la moyenne régionale des médecins libéraux, estimée à 53 ans (source : base de données URPS ML NA). L’échantillon apparaît donc plus jeune que la moyenne régionale, ce qui peut influer sur certaines perceptions du bien-être au travail et de l’équilibre de vie.

La pyramide des âges des répondants illustre une diversité d’âges, avec une forte présence des praticiens en milieu de carrière et une représentation équilibrée entre hommes et femmes selon les tranches d’âge.

79% des répondants semblent aller bien…

Quelques éléments à retenir concernant les 58 répondants :

  • Plutôt bien / bien : environ 79 %
    • Environ 9 % déclarent « J’ai la pêche ! », témoignant d’un état d’esprit positif et d’un bon niveau d’énergie.
    • 70 % indiquent que « ça va », ce qui peut refléter une certaine neutralité ou une stabilité générale, sans pour autant exprimer un bien-être marqué.
  • Plutôt mal / pas bien : environ 21 %, à comparer à une moyenne de 25 % dans d’autres études où les médecins libéraux se déclarent en moyenne ou en mauvaise santé (source : Conseil National de l’Ordre des Médecins, CNOM 2017).
    • À l’inverse, 20 % des répondants affirment que « ce n’est pas terrible », et 1% seul déclare que « ça ne va pas du tout ».


Ces résultats confirment une tendance déjà évoquée : les répondants à cette enquête sont sans doute, en majorité, des professionnels qui vont relativement bien. Cela introduit un biais d’optimisme dans les réponses, ce qui limite la représentativité de l’échantillon par rapport à l’ensemble de la profession.

Mais « en creusant », on constate des réalités contrastées

🧯 Épuisement professionnel

  • 19 % des médecins interrogés déclarent vivre une forme d’épuisement professionnel, soit un taux inférieur à celui observé dans certaines études – Par exemple, selon le baromètre santé des médecins libéraux franciliens 2023(URPS Médecins Libéraux d’Île-de-France), 44 % des médecins libéraux d’Île-de-France sont « en zone de risque » de burn-out. Ce chiffre monte à 56 % pour la dépersonnalisation et la perte d’empathie.
  • L’épuisement professionnel est un indicateur reconnu de burn-out, souvent lié à une surcharge, un manque de reconnaissance, ou un déséquilibre vie pro/perso.

 

😣 Stress

  • Environ 14 % des répondants évoquent le stress comme facteur principal de leur état. Ce chiffre est probablement sous-estimé, car beaucoup peuvent considérer le stress comme une donnée « normale » du métier, et ne pas le signaler.

 

🌱 Équilibre personnel et social

À la question sur leur équilibre vie pro/vie perso :

  • 28 % (16/58) estiment avoir une vie personnelle épanouie
  • 33 % (19/58) indiquent que c’est « un peu difficile » d’assurer toutes les charges
  • 7 % (4/58) rencontrent des difficultés importantes, avec des tensions dans la sphère privée
  • Ces données révèlent une diversité de situations, en phase avec les constats nationaux : une étude de la DREES pointe notamment que 46 % des généralistes déclarent des difficultés à concilier vie pro et perso, surtout en zones rurales.

 

Sur les 58 répondants, 13 ont pris le temps de formuler une réponse écrite. Ces verbatim montrent que derrière les chiffres globalement « rassurants » de l’enquête (où beaucoup disent « ça va »), il existe une souffrance plus silencieuse, qui s’exprime dès que l’on laisse un espace de parole libre.

Les thèmes les plus récurrents sont :

  • Le manque de temps pour soi
  • Le repli social ou l’isolement
  • L’épuisement psychologique
  • Les conséquences sur la vie familiale ou intime

Seuls 47% des répondants connaissent le dispositif d’entraide de l’Ordre des Médecins

Moins d’un répondant sur deux (46,5 %) connait le dispositif d’entraide de l’Ordre des Médecins

Ce résultat souligne un axe de progrès en matière de diffusion d’information, notamment en direction des praticiens isolés ou exerçant dans des territoires moins dotés en ressources d’accompagnement. Cela rejoint les constats d’un rapport IGAS (2023), selon lequel plus de 50 % des médecins ne connaissent pas les dispositifs de soutien existants.

N’hésitez pas à contacter le numéro de soutien du conseil de l’ordre : 0 800 288 038

Réduire le temps de travail, avant tout…

Face à la question « que faudrait-il pour aller mieux ? », les répondants ont identifié plusieurs leviers :

  1. Réduction du temps de travail
    83 % des médecins (48/58) expriment ce besoin, confirmant que l’organisation du temps professionnel est un enjeu central pour le bien-être.

  2. Créer du lien avec les pairs :
    57 % (33/58) souhaitent renforcer les relations avec d’autres médecins, traduisant une forte attente de soutien entre confrères.

  3. Travailler en collectif :
    43 % (25/58) préféreraient un exercice en groupe plutôt qu’en solitaire, en cohérence avec les tendances nationales en faveur de l’exercice coordonné. L’étude de la DREES précédemment citée mentionnait notamment que les médecins en groupe pluriprofessionnel ont 55 % de chances en plus d’être satisfaits de leur équilibre en MSP et de s’engager dans des projets territoriaux : 67 % des médecins en MSP ACI sont engagés dans des projets territoriaux (CPTS/ESP), contre <10 % en solo.

  4. Accéder à des ressources QVT :
    12 % (7/58) manifestent un intérêt pour des outils ou dispositifs formels sur la Qualité de Vie au Travail. Cela reflète une priorité donnée à des actions concrètes et immédiates (temps, lien, collectif), avant des approches plus institutionnelles.

Ces résultats s’inscrivent dans la continuité des enquêtes nationales récentes sur la santé des médecins libéraux. Ils renforcent la légitimité de la parole des répondants et soulignent la pertinence d’actions ancrées dans le terrain, à partir de ce qui est déjà vécu et exprimé.

Pour aller plus loin :

  • Il n’y a pas de solution miracle pour réduire son temps de travail, cependant des dispositifs permettent d’optimiser et d’organiser son temps de travail : avez-vous pensé aux assistants médicaux ? >> En savoir plus
  • Prendre soin de soi, pour prendre soin de ses patients >> En savoir plus
  • Demander de l’aide : Association Mots : L’association MOTS a été créée en 2010 à Toulouse par des médecins pour la prise en charge de l’épuisement personnel et professionnel des confrères. Un modèle unique : un accompagnement professionnel, global et de long terme du soignant en difficultés… 
  • Demander de l’aide : Association SPS : Créée en novembre 2015, SPS est une association nationale reconnue d’intérêt général qui vient en aide aux professionnels de la santé et aux étudiants ; et qui agit en prévention pour le mieux-être. 

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