Des pseudos « start-up »
en mal de business model sont de plus en plus nombreuses à nous solliciter au
téléphone pour prendre rendez-vous et nous présenter un moyen très sûr et très facile
pour gagner beaucoup d’argent et améliorer la santé de nos concitoyens...
En effet, de la BPCO
à la fibrillation auriculaire en passant par les apnées du sommeil et autres
pathologies, nous ne les détectons pas assez, pas assez tôt, nous ne sommes pas
assez systématiques dans nos recherches !
Bien sûr, nous pourrions tous faire mieux
mais la méthode proposée pour nous améliorer est pour le moins originale, et à
y réfléchir, plus enrichissante pour ces sociétés que pour la qualité de nos
soins !
La méthode est toujours la même : «
prenez un abonnement sous forme d’un contrat de location pour un appareil
couplé à un logiciel qui vous permettra de réaliser et d’interpréter ou de
faire interpréter des examens complémentaires (ECG, EFR, polygraphie etc..) ». On
insiste lourdement pour vous dire que la cotation CCAM de ces actes peut être
appliquée par des spécialistes en médecine générale et que vous allez vite
générer un gros chiffre d’affaires susceptible, non seulement de rembourser le
coût de la location, mais d’aller bien au-delà !
On oublie de vous dire que souvent une
formation validante est nécessaire pour appliquer ces cotations ! On oublie de
vous dire que, à juste titre, la CPAM avec son outil statistique pourrait se
demander ce qui justifie un tel volume de prescriptions de tels actes chez un
généraliste ?
Au début, on trouvera quelques patients
pour lesquels la prescription est médicalement justifiée mais une fois ces
premiers patients passés, il sera difficile de justifier des prescriptions redondantes
sauf pour continuer à financer la location !
Car ces contrats sont bien ficelés et
nombre de confrères se plaignent de ne pouvoir les résilier avant quatre ans au
mieux et de se heurter à un service juridique puissant. Encore pire, on
pourrait craindre que les caisses demandent au titre d’indus, le remboursement des
actes dont la prescription ne leur paraît pas médicalement justifiée.
Alors, mes chers confrères, il faut
rester prudent et ne pas laisser des commerciaux malins et sans scrupule, dont
certains mêmes se font passer pour des médecins ou envoyés par des médecins,
jouer de notre fatigue et de notre empathie !
Restons fermes et fermons-leur notre
porte ! Préférons les outils validés par la profession ou par votre URPS.
Jean-Luc DELABANT