Automatiser sans déshumaniser : une expérimentation numérique au service de la médecine libérale

Le 22 mai 2025, à SantExpo, le Dr Imad CHAABAN, médecin généraliste à Agen et élu de l’URPS Médecins Libéraux Nouvelle-Aquitaine, a présenté une expérimentation inédite menée avec OKANTIS : le déploiement d’une solution d’automatisation de la gestion documentaire MSSanté au sein de son cabinet.

Une innovation concrète, née du terrain, portée par une conviction forte : le numérique peut être un allié puissant, à condition d’être conçu avec et pour les professionnels libéraux.

Une innovation sur mesure, ancrée dans le terrain

Fruit d’un partenariat entre le GRADeS ESEA, le GIP OKANTIS et le cabinet du Dr CHAABAN, aux côtés de ses associés, les Drs PAOLINI et LACOUR, le projet a abouti à la création d’un connecteur logiciel sur mesure, spécifiquement développé pour leur environnement afin d’automatiser le traitement des documents médicaux.

Ce robot logiciel extrait, trie et classe automatiquement les pièces jointes reçues via MSSanté, les insérant directement dans les dossiers patients selon une arborescence définie et validée par les médecins. Il respecte l’ensemble des normes de sécurité du Ségur numérique et a été construit à partir de jeux de tests basés sur des documents médicaux anonymisés : courriers, résultats biologiques, imageries, etc. Pendant deux mois, il sera utilisé en routine, permettant de recueillir un retour d’expérience approfondi basé sur une utilisation quotidienne.

Le projet s’est appuyé sur une collaboration étroite entre le GRADeS ESEA, facilitateur régional du numérique en santé, et l’URPS ML NA, engagée en sus de ses autres missions dans l’accompagnement de projets d’innovation répondant aux besoins spécifiques des médecins libéraux. Ensemble, les partenaires ont assuré la coordination technique, la conformité juridique du traitement des données et la remontée continue des besoins fonctionnels du terrain.

Des résultats concrets pour le quotidien médical

Avant cette expérimentation, le Dr CHAABAN consacrait en moyenne deux heures par jour au traitement manuel des documents médicaux, soit plus de 10 heures par semaine, 40 heures par mois : l’équivalent d’une semaine de travail. Une charge invisible mais bien réelle, pesant sur la vie personnelle et favorisant l’épuisement professionnel. Il est légitime de penser que cette surcharge administrative contribue directement au mal-être exprimé par de nombreux praticiens. Selon les résultats d’une récente enquête réalisée sur MedVigie, 19% des médecins libéraux se déclarent en situation de burn-out, et 33% rencontrent des difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle.

Grâce à l’automatisation, ces deux heures quotidiennes sont en grande partie récupérées. Le médecin termine désormais sa journée au cabinet, sans emporter de charge mentale à la maison. Moins de fatigue, plus de disponibilité pour le patient comme pour soi-même : un bénéfice humain avant tout. D’ici deux mois, un bilan quantitatif précis permettra de mesurer le temps effectivement économisé.

Le numérique, ce n’est pas magique.

Innover, oui.. mais en écoutant d’abord !

Ce qui fait la singularité de cette expérimentation, c’est sa méthode. Comme l’a rappelé le Dr CHAABAN à SantExpo : « Le numérique, ce n’est pas magique. » Pour qu’un outil soit utile, il ne suffit pas de le livrer : il faut partir des usages, comprendre les pratiques, respecter leur diversité. « La médecine libérale est, heureusement, d’une grande richesse. Le vrai défi de l’innovation, c’est d’être capable de répondre à cette diversité sans chercher à tout uniformiser. »

 

Cet état d’esprit illustre le nouveau paradigme que nous défendons : penser en termes de solutions plutôt que de difficultés, imaginer des outils au service des usages plutôt que de contraindre les pratiques. Dans cette logique, OKANTIS a conçu une solution évolutive, en co-construction avec les professionnels. Comme l’a souligné Laurent DUMAZET, directeur édition et produit chez OKANTIS : « Il faut penser l’interopérabilité comme une solution et non plus comme un problème. » Une approche qui marque un tournant dans un écosystème numérique encore trop souvent cloisonné par des logiques techniques ou institutionnelles.

Une dynamique à poursuivre

L’expérimentation menée avec le cabinet du Dr CHAABAN s’inscrit dans une volonté plus large : faire de l’innovation un outil au service du soin libéral. Partenaire moteur de ce projet, l’URPS Médecins Libéraux Nouvelle-Aquitaine entend poursuivre dans cette voie, aux côtés d’OKANTIS mais aussi d’autres acteurs. Car l’innovation ne peut naître hors sol : elle doit partir du réel, des contraintes du terrain, et des besoins exprimés par les professionnels.

Alors que SantExpo 2025 met à l’honneur l’innovation numérique, la transformation du système de santé et la territorialisation du soin, nous réaffirmons une vérité simple : l’essentiel du soin se fait en ville. Et si les médecins libéraux sont encore trop souvent écartés des processus de conception, nous n’attendons plus qu’on vienne nous chercher : nous agissons, nous expérimentons, nous construisons.

Au passage, saluons quand même cette édition de SantExpo, où l’on a beaucoup entendu parler de numérique responsable. Certaines innovations, comme les outils d’auto-diagnostic de l’empreinte carbone ou les solutions d’optimisation énergétique, méritent d’être suivies de près. Ces démarches résonnent avec celle que nous menons à l’URPS ML NA autour du cabinet éco-responsable : La médecine libérale y confirme son rôle de laboratoire d’initiatives concrètes et engagées.

Pour un numérique utile, responsable, et piloté par les professionnels de santé

L’expérimentation menée ici illustre ce que peut produire une innovation responsable, concertée et centrée sur les besoins réels des professionnels de santé. Sécurisée, interopérable, évolutive, elle démontre que le numérique peut devenir un levier d’optimisation et de qualité du soin, à condition d’être pensé et piloté par ceux qui soignent.

À l’URPS ML NA, nous continuerons à soutenir ces dynamiques, avec exigence et engagement. Parce que libérer du temps médical, c’est améliorer la qualité du soin. Parce que penser l’avenir du numérique en santé, c’est commencer par écouter les réalités du quotidien.

Un article rédigé par Amandine Joly, Chargée de mission i-santé à l’URPS ML NA, présente aux côtés du Dr Imad Chaaban à SantExpo 2025

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